Ancien comptoir punique devenu colonie romaine, le site de Tipasa est situé sur la côte méditerranéenne, à 70 km à l’ouest d’Alger et à 30 kilomètres à l’est de Cherchell (l’antique Caesarea). Au milieu du XIXe siècle, le pouvoir colonial établit un village de colonisation sur l’emprise de la ville antique au sud du port actuel ; la ville moderne s’est développée au sud de ce dernier, en préservant relativement bien les monuments emblématiques du site archéologique, parc national depuis 1949. Trois ensembles archéologiques peuvent être distingués : deux de part et d’autre du port, à savoir à l’ouest les installations urbaines (habitat, bâtiments publics, lieux de divertissement, etc.) et une zone principalement funéraire à l’est, ainsi que le Mausolée royal de Maurétanie dit Tombeau de la Chrétienne situé à une dizaine de kilomètres à l’est de la ville. Le musée de Tipasa abrite depuis 1955 les collections archéologiques issues des fouilles réalisées sur le site, plus particulièrement celles des diverses nécropoles préromaines, romaines et chrétiennes. Sont exposés entre autres le mobilier céramique et la verrerie, des mosaïques et des sarcophages. Reconnu comme un complexe archéologique exceptionnel permettant une meilleure connaissance des liens entre les civilisations locales et les populations issues des différentes vagues de colonisation entre le VIe siècle avant notre ère et le VIe s. de notre ère, le site de Tipasa a été inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982. Vingt ans plus tard, en 2002, du fait de la menace d’un développement urbain incontrôlé et de problèmes cadastraux (les trois sites classés patrimoine mondial n’étaient pas circonscrits), Tipasa fut placé sur la liste du patrimoine mondial en péril. Félicitant l’État algérien pour les actions engagées pour améliorer la protection du site, le Comité du patrimoine mondial a décidé en 2006 de retirer Tipasa de cette liste. Comptant relativement peu de visiteurs étrangers, le site est en revanche très fréquenté par les riverains et les Algérois qui aiment flâner au cœur des ruines antiques en bord de mer. La beauté des lieux a notamment été immortalisée dans le célèbre essai Noces d’Albert Camus ; une stèle a d’ailleurs été érigée sur le site en hommage à l’écrivain.
Tipasa constitue par ailleurs comme un pôle privilégié pour la recherche. Le Laboratoire d’Études Historiques et Archéologiques (LEHA) a ainsi été créé en 2020 au Centre universitaire de Morsli Abdellah. En 2021, a été inauguré le vaste Complexe algérien d’archéologie (CAA) qui rassemble l’École Nationale de Conservation et Restauration des Biens Culturels (ENCRBC), le Centre National de Recherche en Archéologie (CNRA) et l’Office National de Gestion et d’Exploitation des Biens Protégés (OGEBC).
(Thomas Soubira, Bénédicte Lhoyer, mai 2021)