Au cours des trente dernières années, le site de Tipasa a continué de susciter un certain intérêt scientifique, notamment par l’expérimentation et l’application de nouvelles technologies liées à l’archéologie, pour approfondir son étude et servir à sa valorisation. Au début des années 1990, des prospections géophysiques non invasives ont été réalisées dans le parc archéologique au sud de l’amphithéâtre pour retrouver des annexes de ce dernier. Il s’agissait alors d’une première tentative de ce genre sur un site archéologique algérien. Des fouilles ponctuelles ont été menées par la suite afin de contrôler les résultats des mesures (Ayadi et al., 1992). A la fin des années 2000, dans le cadre d’une thèse de doctorat sur l’architecture domestique antique, Mehdi Chayani réalisa des restitutions en 3D de plusieurs monuments emblématiques de Tipasa, dont la Maison des Fresques et la basilique Sainte-Salsa. En s’appuyant à la fois sur l’analyse de la documentation des fouilles anciennes et des relevés récents, l’objectif était de proposer une modélisation des états successifs des monuments (Chayani, 2010, 2015). Depuis les années 2010, on assiste en Algérie au développement de l’archéologie côtière et maritime visant, par la prospection, à l’inventaire et à l’étude des sites littoraux, ainsi qu’à l’élaboration d’une carte archéologique subaquatique. Dans ce sens, le programme de recherche algéro-espagnol, dirigé par Rafik Khellaf (Centre universitaire Morsli Abdellah de Tipasa) et Alejandro Quevedo (iArqUM, Université de Murcie), contribue à l’exploration du territoire de la cité antique dans le cadre de deux projets intitulés « TIPASA. Ocupación, producción y relaciones de interdependencia en el territorio de una ciudad africana durante la Antigüedad » financé par la Fundación Palarq et « Misión arqueológica hispano-argelina en Tipasa : explorando el antiguo territorio de una ciudad africana Patrimonio de la Humanidad » financé par le Ministère de la Culture espagnol. Parmi les premiers travaux publiés, on compte une réévaluation du port antique au niveau du promontoire de Sainte-Salsa faisant suite aux travaux anglais de la fin des années 1960, ainsi que l’étude de deux spécimens inédits d’amphores africaines tardives conservés au musée du site (Khellaf et Bourai, 2020 ; Khellaf et Quevedo, 2021). Enfin, depuis 2018, une convention cadre de partenariat scientifique a été signée entre l’université d’Aix-Marseille (AMU) et le CNRA portant notamment sur un programme de formation-recherche (chantier école algéro-français en archéologie) de chercheurs et étudiants en archéologie maritime, architecture et céramologie.
(Thomas Soubira, Bénédicte Lhoyer, mai 2021)