Sijilmâsa

Coordonnées géographiques : 31°17’06’’ N ; 4°16’34’’ W

Sijilmâsa dans son paysage

Le tell archéologique de Sijilmâsa, aperçu depuis les abords de l'oued Ziz temporairement en eau des suites de fortes pluies. Le tell archéologique de Sijilmâsa, aperçu depuis les abords de l'oued Ziz temporairement en eau des suites de fortes pluies. Crédit : Mission archéologique maroco-française, 2012.

La zone archéologique est relativement vierge d’occupations récentes, hormis quelques infrastructures modernes (terrain de football, gare, caserne, école…) situées le long de la route d’accès à Rissani qui partage la zone en deux. Les vestiges archéologiques ne sont pas uniformément répartis. Des prospections systématiques ont montré qu’ils se concentrent du côté nord de la route sur environ un kilomètre et sur trois cents à quatre cents mètres du côté sud. Le site ne doit donc pas son apparence préservée au fait d’être une réserve archéologique, mais bien plutôt au fait qu’il constitue aujourd’hui, en cet endroit de la vallée du Ziz, la plaine d’inondation de l’oued, ainsi que le confirment nombre de témoins de crues récentes. Le site est par ailleurs couramment employé comme décharge publique et comme zone de prélèvement de sable éolien destiné à la fabrication de béton pour les infrastructures modernes. La morphologie des environs immédiats du site est aujourd’hui remarquablement plane. Les cours d’eau sont à peine inscrits en contrebas de la surface topographique et les rares éminences sont toutes d’origine anthropique.

Dans les années 1950, l’hydrogéologue Jean Margat a effectué un ensemble d’études géologiques dans la plaine du Tafilalet, ce qui l’a notamment conduit à proposer une première esquisse morphologique du site de Sijilmâsa (Margat 1959). Ses conclusions ont été confirmées et complétées un demi-siècle plus tard par les travaux de la mission maroco-française (Mensan et al. 2017). Les divers sondages géoarchéologiques mécanisés pratiqués en divers points de la zone archéologique ont permis de distinguer les différentes formations sédimentaires du site, l’observation du paysage environnant et la topographie actuelle laissant penser que le complexe urbain de Sijilmâsa a été implanté à l’origine sur une haute terrasse du Ziz constituée par un conglomérat de galets. Ainsi, la géomorphologie du site renvoie à l’étymologie du toponyme « Sigilmasa » qui, selon Larbi Mezzine, signifierait en langue berbère un « lieu dominant les eaux », comparable aux nombreuses buttes-témoins (gara) des zones présahariennes du Maghreb (Margat 1959 ; Mezzine 1984). Au XIe siècle, al-Bakrî évoque le partage des eaux du Ziz en deux branches cernant Sijilmâsa à l’Ouest et à l’Est, représentée trois siècles plus tard sur le célèbre Atlas Catalan d’Abraham Cresques (Al-Bakrî 1913). Cette zone de diffluence, naturelle ou anthropique, pourrait se situer, selon les observations de Margat croisées aux données archéologiques récentes, en amont de la zone archéologique au niveau de la prise d’eau de la séguia Chorfa (Soubira 2018).

Les sondages géoarchéologiques ont également contribué à définir les matériaux employés dans le bâti de Sijilmâsa, tant dans les vestiges en élévation que ceux présents au cœur des secteurs de fouilles, mobilisant la technique du pisé qui consiste à élever les murs en damant le sédiment disponible in situ dans des coffrages de bois amovibles (banches). L’analyse sédimentaire de ces architectures de terre a participé à la reconnaissance de deux grands types de « pisés » qui, corrélés aux données chronostratigraphiques, reflètent une évolution du paysage urbain et de son environnement immédiat de son origine à son abandon (Mensan et al., 2017). 
Thomas Soubira, janvier 2020

« Sigilmassa : The City of Gold »
# Mémoire de la recherche

« Sigilmassa : The City of Gold »

Film « Sigilmassa : The City of Gold » (1971) réalisé par Boris de Rachewiltz sous le patronage de l’UNESCO.
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Photogrammétrie
# Mémoire de la recherche

Photogrammétrie

Mausolée Al-Aqwas, photogrammétrie réalisée par la mission archéologique Sijilmâsa (INSAP/TRACES)
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