Sijilmâsa

Coordonnées géographiques : 31°17’06’’ N ; 4°16’34’’ W

Sijilmâsa dans l'histoire

Muraille nord de Sijilmâsa, attribuée aux XIIe-XIIIe siècles. Il s’agissait vraisemblablement de la première vision de la ville offerte aux voyageurs en provenance de la vallée du Ziz. Muraille nord de Sijilmâsa, attribuée aux XIIe-XIIIe siècles. Il s’agissait vraisemblablement de la première vision de la ville offerte aux voyageurs en provenance de la vallée du Ziz. Crédit : Mission archéologique maroco-française, 2015.

Sijilmâsa fut fondée, d’après les sources arabes, par la tribu Miknâsa au milieu du VIIIe siècle de n. è., aux dépens de plusieurs établissements antérieurs, puis elle fut dominée par la tribu berbère des Banû Midrâr qui en fit un émirat kharidjite sufrite indépendant. La ville devint rapidement une place majeure du commerce transsaharien médiéval, située au terminus occidental de la grande route caravanière empruntée par des marchands en provenance du Caire ou de Kairouan, ainsi que sur l’axe nord-sud réceptionnant d’une part les marchandises venues d’al-Andalus et du nord du Maroc, et d’autre part, celles du sud du Sahara ou Bilâd al-Sûdân, région dominée entre le VIIIe et le XVe siècle par les puissants royaumes du Ghâna et du Mâli (Fauvelle 2013). Suite à de brefs épisodes de domination fatimide au cours du Xe siècle, c’est véritablement la conquête almoravide, au milieu du XIe siècle, qui accélère le développement de Sijilmâsa, grâce notamment au commerce transsaharien de l’or. Par la suite, la ville passe tour à tour aux mains des dynasties berbères almohades et mérinides, qui en font un point d’appui économique pour la conquête du Maroc et un refuge en temps de crise. Les sources écrites médiévales témoignent, au moment des changements dynastiques, de phases de pillages, de destructions et de reconstructions de la ville. Le déclin de Sijilmâsa, en tant que carrefour commercial et point d’intérêt économique, est bien attesté par Léon l’Africain (Hassân al-Wazzân) qui signale, dans sa Description de l’Afrique, la fin de la domination des dynasties berbères sur la région du Tafilalet suite à l’assassinat du gouverneur mérinide par les habitants de Sijilmâsa en 1393-1394. Léon constate par ailleurs, lors de son séjour au début du XVIe siècle, que la ville est ruinée (Léon l’Africain 1981 ; Lightfoot et Miller 1996). Malgré tout, les témoignages archéologiques corrélés aux sources textuelles font état d’une réoccupation partielle de la zone par plusieurs institutions telles que des mosquées et des écoles coraniques (Dastugue 1867). A la même époque, Sijilmâsa est le foyer des chérifs alaouites dont est issue la lignée régnant actuellement au Maroc. En 1818, la confédération berbère des Ayt Atta, venue du Jbel Saghro, détruit les bâtiments bâtis sur l’emplacement de l’ancienne cité, connue dès lors sous le nom de Mdînet-el-ʻAmra, dont les ruines décrites par plusieurs voyageurs européens de la seconde moitié du XIXe siècle sont devenues un lieu de pèlerinage pour les souverains marocains (Gutron et Fauvelle 2018). Telles sont les grandes lignes de l’histoire médiévale et moderne de Sijilmâsa s’inscrivant, à une échelle plus large, dans un cadre régional préislamique marqué par un nombre important de sites documentés dès la Préhistoire, comme les monuments funéraires de de Bouïa à l’ouest d’Erfoud, ou bien de la région de Taouz, dans la partie méridionale du Tafilalet, également riche en gravures rupestres (Meunié et Allain 1956 ; Margat et Camus 1958-1959 ; Rodrigue 2008). 
Thomas Soubira, janvier 2020

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Mausolée Al-Aqwas, photogrammétrie réalisée par la mission archéologique Sijilmâsa (INSAP/TRACES)
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