La plupart des rares références datant du Ier siècle de notre ère se contentent de mentionner le nom de la ville sous différents vocables. C’est finalement Volubilis, que l’on retrouve chez Pomponius Mela, ou le Volubile oppidum de Pline l’Ancien, qui s’est imposé dans l’usage, bien qu’une racine berbère oualili (le « laurier-rose ») soit sans doute à l’origine du nom latinisé (Chatelain, 1944). Le site de Volubilis a été fréquenté dès la Préhistoire, comme le suggèrent un certain nombre d’objets (haches polies, racloirs en silex …) provenant des déblais de fouilles (Souville, 1956 ; Panetier et Limane, 2002). L’archéologie a démontré que l’emplacement de Volubilis abritait un centre urbain actif à l’époque maurétanienne, mettant en évidence pour ces périodes anciennes des vestiges d’édifices religieux et funéraires, des céramiques importées ainsi que des inscriptions en punique et néopunique tant sur des monnaies que sur d’autres supports. L’une de ces inscriptions laisse supposer l’instauration d’une institution carthaginoise, le suffétat, au moins au IIIe siècle avant notre ère (Cuq, 1920 ; Akerraz et Lenoir, 1990 ; Callegarin, 2016). En 44 de notre ère, faisant suite à l’annexion du royaume de Maurétanie par Rome, l’empereur Claude attribua à la cité pérégrine, pour récompenser le soutien de sa population lors des révoltes survenues en 40 après l’assassinat du roi maurétanien Ptolémée, le statut de municipium. Dès lors, la ville continue à croître en adoptant progressivement le mode de vie romain et toutes les infrastructures administratives, politiques, religieuses et sociales qu’il incluait (basilique, forum, Capitole, temples, thermes, riches demeures …), ainsi qu’une grande enceinte de 2,35 km de long érigée en 168-169, flanquée de huit portes et d’une quarantaine de tours semi-circulaires tous les 60 mètres (Golvin, 2020). A son apogée au début du IIIe siècle, sa population cosmopolite, perceptible à travers les nombreux témoignages épigraphiques découverts sur le site, est estimée entre 10 000 et 20 000 habitants (Etienne, 1960 ; Akerraz et Lenoir, 1990). A la fin du IIIe siècle, l’administration romaine ordonna l’évacuation de la ville, de même que Banasa ou Thamusida dans la plaine du Gharb. Ce retrait s’accompagna d’un profond bouleversement social pour les habitants qui décidèrent de rester et du déplacement progressif de l’occupation principale dans la partie occidentale de la ville à proximité de la rivière. Vers la fin du VIe siècle, les nouveaux noyaux d’habitat sont enfermés à l’intérieur d’une enceinte construite avec des blocs prélevés sur les édifices des quartiers abandonnés (Akerraz, 1985). Les nouveaux occupants, membres de la tribu berbère des Awraba, accueillirent en 788 celui qui deviendra quelques temps après le fondateur de la dynastie idrisside, Idris Ier, qui y vécut et y mourut quelques années plus tard (Al-Bakrî, 1913 ; En-Naçiri es-Slaoui, 1925). Les sources arabes médiévales apportent peu d’informations sur le site, qui porte désormais le nom de Walîlâ, et parlent d’une ville de moyenne importance (quand elle est mentionnée dans les textes) par rapport à Fès, la capitale du royaume idrisside fondée par Idris II, successeur et fils d’Idris Ier (Ibn Khurdâdhbah, 1865). L’antiquité de la ville reste, par ailleurs, attestée par certains auteurs des XIIe et XIIIe siècle, qui mentionnent également le toponyme Taysira (les « pierres » en berbère), comme une ancienne capitale du Maghreb dans la période antéislamique (Fagnan, 1900, 1924). Au XVIe siècle, Hasan al-Wazzân (Jean-Léon l’Africain) désigne du nom de Gualili la ville actuelle de Moulay Driss Zerhoun, tandis que l’emplacement de Volubilis est appelé Palais du Pharaon, un vocable parfois donné aujourd’hui encore par les populations locales (Berthier, 1938 ; Léon l’Africain, 1981 ; Siraj, 1995 ; Fentress et Limane, 2018).
(Thomas Soubira, février 2021)