Volubilis

Les recherches les plus récentes ou en cours à Volubilis

Les vestiges du hammam islamique restauré dans la partie sud-ouest de la zone archéologique. Les vestiges du hammam islamique restauré dans la partie sud-ouest de la zone archéologique. Crédit : Thomas Soubira, 2020.

Les opérations archéologiques se sont multipliées sur le site de Volubilis tout au long du XXe siècle avec le passage de grands spécialistes des sciences de l’Antiquité. Les trente dernières années ont indubitablement apporté un renouveau de l’archéologie grâce à l’application de nouvelles méthodes sur le terrain, l’émergence de nouvelles problématiques de recherche portées par des programmes pluridisciplinaires et le souci de la formation et la transmission des savoirs. C’est sur cette base que s’est constitué, à la fin des années 1980, un nouveau programme de fouille à Volubilis sous forme de stages au bénéfice des étudiants de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP). Les quatre campagnes de terrain d’un mois, qui ont eu lieu entre 1988 et 1993, ont dégagé, sur une zone d’environ 3 000 m2 au nord de la Maison au Compas, une occupation domestique de la deuxième moitié du VIIIe et du début du IXe siècle (Akerraz, 1998). C’est dans ce même secteur, situé de la Maison au Compas à la Maison à la Citerne et fouillé par plusieurs équipes d’archéologues dans la deuxième moitié du XXe siècle, qu’avait été localisée l’une des nécropoles d’époque musulmane (Euzennat, 1974). Toujours dans les années 1990, l’étude architecturale approfondie corrélée à des sondages archéologiques des thermes extra-muros fouillées en 1964 par Bernard Rosenberger dans la partie sud-ouest du site, a permis de dater également cet édifice de l’époque idrisside (El Khayari, 1994 ; El Habashi et al., 2016 ; Fentress et Limane, 2018). De 2000 à 2004, une équipe pluridisciplinaire maroco-anglaise, co-dirigée par Elizabeth Fentress (University College of London) et Hassan Limane (INSAP), a réalisé une importante série de travaux visant à étudier les occupations post-romaine, pré-islamique et islamique, à travers à la fois un réexamen de certains monuments et l’ouverture de nouvelles aires de fouilles. Ces nouvelles recherches ont montré comment des habitats élitaires ont perduré jusqu’à un séisme brutal intervenu dans la première moitié du Ve siècle. Le secteur à proximité des thermes extra-muros aurait constitué un quartier nouveau construit à la fin du VIIIe siècle concomitant à l’arrivée d’Idris Ier, tandis que celui près de la muraille tardive a été occupé entre le VIIe et le IXe siècle (Fentress et Limane, 2018). Depuis 2018, un nouveau programme pluridisciplinaire maroco-anglais INSAP/UCL poursuit les investigations archéologiques au cœur de l’implantation islamique du site. Ces travaux récents détonnent par rapport aux recherches du siècle dernier focalisées sur la Volubilis antique. Pour autant, ces périodes anciennes ont continué de susciter l’intérêt des chercheurs. Dans le cadre d’un programme de recherche maroco-français sur les monuments religieux du Maroc antique, des fouilles ponctuelles ont été menées en 1996 sur le temple B, partiellement dégagé par Chatelain en 1919, puis fouillé en 1954 par Michel Ponsich et de 1955 à 1961 par Henri Morestin, qui y découvrit l’une des plus importantes séries de stèles d’Afrique du Nord (Ponsich, 1976 ; Morestin, 1980 ; Brouquier-Reddé et al., 1998). Ces travaux des années 1990 ont décelé quatre états successifs s’étalant entre le tournant de l’ère et le milieu du IIe siècle, dont le plus ancien était une aire sacrée accueillant des urnes cinéraires. Enfin, l’équipe pluridisciplinaire marocaine du projet Protars P3T2/06 a conduit entre 2002 et 2008 des fouilles dans le secteur Est et Nord-Est de la basilique afin d’affiner la chronologie de ce secteur en exhumant les occupations primitives d’époque maurétanienne (Makdoun et Ichkhakh, 2019).

(Thomas Soubira, Bénédicte Lhoyer, février 2021)

Album photo