La plus ancienne description des ruines de Volubilis est attribuée à l’ambassadeur britannique John Windus qui a parcouru le site de « Cassar Pharaon » le 1er juillet 1721. Il a fourni à cette occasion un premier relevé des monuments en élévation, enclos par un mur, dont l’emblématique arc de triomphe érigé entre 216 et 217 de notre ère en l’honneur de Caracalla et de sa mère Julia Domna (Windus, 1725 ; Domergue, 1963). Un autre croquis de ce monument a été réalisé en 1830 par l’autrichien Ferdinand von Augustin lors de sa visite du site. Bien que plus romantique que le précédent, ce document précieux illustre cependant les dégâts (effondrement de la voûte) causés par le puissant tremblement de terre de 1755, qui ravagea par ailleurs la ville de Lisbonne au Portugal. L’état actuel du monument résulte d’une restauration des années 1930 quelque peu décriée (Augustin, 1828 ; Euzennat, 1956 ; Pancani et al., 2020). Plusieurs voyageurs européens ont par la suite fréquenté le site de Volubilis à partir des années 1870. En 1874, au retour d’une mission topographique à Meknès, le spécialiste des voies romaines de la Maurétanie tingitane Charles-Joseph Tissot, alors ministre plénipotentiaire de France au Maroc, a décrit brièvement quelques vestiges dont ceux de l’enceinte, de l’arc de triomphe et de ce qu’il identifia comme la basilique (Tissot, 1877). Trois ans plus tard, ce fut au tour du physicien irlandais Arthur Leared, accompagnant une ambassade portugaise, de proposer ses observations, relayé l’année suivante par les anglais W. H. Richardson et H. B. Brady, membres de la prestigieuse Royal Society, puis en 1880 par l’explorateur allemand Oskar Lenz qui lança un appel aux archéologues pour approfondir les connaissances du lieu (Hooker, 1878 ; Leared, 1878 ; Lenz, 1886). Les premières interventions archéologiques à Volubilis ont été conduites de 1888 à 1890, avec l’autorisation du sultan Moulay Hassan, par Henri Poisson de La Martinière alors chargé d’une mission scientifique au Maroc. Il dressa un premier plan de répartition des vestiges et entreprit des travaux de dégagements, notamment aux abords de l’arc de triomphe et du forum ainsi que sur une nécropole, où il constata des traces antérieures de pillage (La Martinière, 1912). Sous l’impulsion du résident général Lyautey, la reprise des fouilles à Volubilis fut confiée à Louis Chatelain, lieutenant au 4e régiment de tirailleurs indigènes, qui dégagea, dès 1915, toujours dans la zone comprise entre l’arc de triomphe et le forum, des constructions inédites permettant de mieux appréhender l’urbanisme antique, ainsi que des mosaïques et de nombreuses inscriptions latines, des découvertes qui furent mises à l’honneur quelques mois plus tard dans une salle dédiée à l’occasion de l’Exposition de Casablanca (Chatelain, 1916). Louis Chatelain œuvra activement sur le site jusqu’en 1941 et participa, entre autres, à la découverte du mobilier exceptionnel qui fait aujourd’hui la richesse de ce site, dont les mosaïques et les statuettes en bronze (Chatelain, 1944 ; Limane et al., 1998). Un grand nombre d’archéologues a par la suite pérennisé l’exploration scientifique de Volubilis et de ses origines dans la seconde moitié du XXe siècle (Panetier et Limane, 2002). Nous pouvons citer, à titre d’exemple, les fouilles de Robert Étienne dès 1941 qui ont contribué à documenter l’urbanisme complet (habitat, hydraulique, voirie …) d’un quartier résidentiel dans la partie nord-est du site (Étienne, 1960). Diverses opérations de restauration ont été accomplies dans les années 1960 sur le Capitole, la basilique et la Porte de Tanger.
(Thomas Soubira, Bénédicte Lhoyer, février 2021)