La transformation du site en parc archéologique national en 1991 permit de relancer la recherche, à une époque où la Tunisie s’efforçait également de développer ses infrastructures touristiques. Dès lors, plusieurs programmes internationaux se succédèrent à Dougga, des équipes pluridisciplinaires travaillant sur le terrain et proposant études et inventaires précis des vestiges. A partir de 1993, l’INP de Tunisie et le laboratoire Ausonius de l’université Bordeaux III collaborèrent au projet « Petrae-Thugga » afin de rassembler, étudier et créer un corpus informatique des inscriptions et textes de la ville, aboutissant à deux publications majeures (Khanoussi et Maurin, 1997 et 2002). En 1999, ces deux institutions poursuivirent leur collaboration avec un nouveau programme baptisé « Architecture religieuse païenne de Thugga », dédié à l’étude des temples et sanctuaires recensés sur le site, sous la direction de Mustapha Khanoussi et Jean-Claude Golvin (Golvin et Khanoussi, 2005). La même année, l’INP dépêcha une équipe afin de réaliser un premier relevé topographique, d’abord à l’est où devait s’élever un futur centre d’interprétation. Puis, en collaboration avec la Direction de l’Architecture et du Patrimoine (France), les relevés se succédèrent de 2002 à 2006. De 1998 à 2000, Habib Baklouti conduisit les fouilles et l’étude des citernes publiques de Aïn ed-Doura, effectuant une prospection et un relevé architectural des installations hydrauliques, tandis que Mansour Ghaki dégageait au nord-ouest du site des bazinas (« buttes », tombes préislamiques typiques d’Afrique du Nord) entre 1996 et 2002 (Aounallah et al., 2020b). Entre 2001 et 2004, une mission germano-tunisienne (INP de Tunisie et l’Archäologisches Institut de l’université Albert-Ludwig de Fribourg) s’intéressa plus particulièrement à la maison du Trifolium (Khanoussi et al., 2004). Cet intérêt pour l’architecture domestique se retrouve dans les restitutions en 3D de la maison de Vénus et de celle d’Ulysse et Dionysos réalisées par Hazar Souissi et Najoua Tobji en 2006. Entre 2002 et 2007, un projet franco-tunisien intitulé « Dougga et sa région » financé par le ministère français des Affaires étrangères a donné lieu à des travaux d’ordre scientifique et patrimonial, avec un plan de mise en valeur du site, la formation de gestionnaires et d’artisans tunisiens, et enfin son intégration dans les circuits touristiques. Les équipes ont travaillé sous la direction de Mustapha Khanoussi et Denis Lesage, puis d’Aïcha Ben Abed et Jean-Claude Golvin. Depuis 2017, une fouille tuniso-française s’intéresse aux nécropoles du nord-ouest, composées à la fois de mégalithes et de tombes romaines, et au sanctuaire de Baal-Hammon Saturne au nord-est (PHC Utique « Dougga, de l’agglomération numide à la colonie romaine : dynamiques urbaines », co-dirigé par Samir Aounallah (INP) et Véronique Brouquier-Reddé (AOROC). Un dossier paru sur Dougga dans Antiquités Africaines en 2020 a livré les premiers résultats. La direction prise par les études des vingt dernières années indique ainsi un intérêt particulier pour les premiers temps de la ville et l’urbanisme romain, deux champs d’étude prometteurs sur un site tel que Dougga.
(Bénédicte Lhoyer, Thomas Soubira, juin 2021)