Dès le XVIIe siècle, de nombreux voyageurs (érudits, diplomates, religieux) visitèrent le site et décrivirent les principaux monuments demeurés visibles depuis l’Antiquité : le Capitole, l’arc de Sévère Alexandre et le mausolée libyco-punique. C’est à la même période que les montagnards du Djebel Ousselet, qui refusaient de payer l’impôt et pillaient régulièrement le centre de la Tunisie, furent déplacés par décision du Bey et s’installèrent à Dougga dont les ruines servent de carrières de pierre. En 1842, le consul anglais Thomas Reade préleva (non sans causer de dégâts au monument) l’inscription bilingue du mausolée libyco-punique ; elle est aujourd’hui conservée au British Museum (numéro d’inventaire 125225). En 1862, Victor Guérin effectua un repérage des vestiges archéologiques. Vingt ans plus tard, la première mission officielle sur place fut menée par Marius Boyé et deux épigraphistes, Julien Poinssot et René Cagnat (Saint-Amans, 2004). En 1885, Henri Saladin dressa un inventaire complet du site, effectua les premiers sondages et étudia plus en détail le Capitole (Bacha, 2009). Suite à la création du Service Beylical des Antiquités de Tunisie en 1885, des autorisations de fouilles furent accordées à Louis Carton accompagné par Charles Denis. Ces derniers, entre 1891 et 1893, dégagèrent le théâtre et le sanctuaire de Saturne sur l’éperon est de la zone, tandis qu’en 1894, Eugène Sadoux et Onésime Pradère mirent au jour le temple de Caelestis, fouille poursuivie en 1895 par René Coudray de La Blanchère, puis par Jean Hilaire entre 1896 et 1897. En 1901, le site fut confié à Alfred Merlin qui déblaya le centre de la ville jusqu’au Dar Lachheb, avant de céder la place à Louis Poinssot en 1903. Durant trois décennies, celui-ci dégagea le forum (1910-1915), le temple de Tellus (1917-1918), ainsi que plusieurs maisons (1910-1920). À partir de 1919, le manque de subsides et l’intérêt croissant porté à d’autres sites archéologiques ralentirent les travaux. Les thermes antoniniens furent dégagés en 1925, mais les fouilles s’arrêtèrent en 1932. Il semble que Claude Poinssot (le fils de Louis) pratiqua quelques sondages dans le temple de Saturne et le Capitole dans les années 1950, mais les résultats ne furent guère publiés. Suite à l’indépendance du pays en 1956 et malgré de faibles crédits, les fouilles reprirent un an plus tard sous l’autorité de Mongi Boulouednine, membre de l’Institut National d’Archéologie et d’Art nouvellement créé. Ces travaux archéologiques dégagèrent des quartiers d’habitations au nord du Capitole et à l’est du Dar Lachheb, notamment la maison de Vénus ou encore le temple des Victoires de Caracalla (Saint-Amans, 2004). Ces chantiers fonctionnèrent jusqu’en 1962 et, malheureusement, les résultats ne furent jamais publiés. Ce furent les dernières recherches d’ampleur sur le site, jusqu’aux années 1990.
(Bénédicte Lhoyer, Thomas Soubira, juin 2021)