Le district sidérurgique de Tatré se situe dans un paysage formé de savanes et de collines arborées. Il est traversé par l’un des principaux cours d’eau de la région de Bassar, le Tatré. Long de 11 km avec un bassin versant d’une superficie de 32km², il présente un régime intermittent en fonction des apports saisonniers des précipitations. Les anciens métallurgistes ont réparti leurs ateliers de production du fer dans la haute et moyenne vallée de cette rivière, formant des grappes d’amas de déchets métallurgiques de quelques mètres de haut dispersés dans ce paysage. Deux collines encadrent le Tatré : celle à l’ouest, appelée Apétandjor, la « Montagne de fer », possède des gisements métallifères qui ont été exploités pour produire du métal dans les ateliers proches de quelques centaines de mètres ; celle à l’est dépourvue de minerai de fer.
Quatre ateliers ont fait l’objet d'une étude archéologique : Tatré 2, 6, 4-5 et Tatré-Apétandjor. Le dernier atelier se déploie sur la rive droite du Tatré selon un axe est-ouest de 500 m de long et 300 m de large. Les investigations scientifiques qui y ont été menées ont inclu une mesure topographique précise de tous les amas à l’aide de la tachéométrie, des mesures systématiques de la masse et du volume des scories pour réévaluer les données antérieures sur la quantité de scories et la production de fer, la fouille d’un bas fourneau pour comprendre son fonctionnement, un échantillonnage systématique de charbon de bois pour la datation au radiocarbone et les analyses anthracologiques, enfin un échantillonnage des minerais et scories pour la caractérisation des techniques et les matières premières utilisées.
Le site couvre une superficie d’environ 15 ha et contient 139 amas de déchets métallurgiques. Ces terrils ont une surface totale d'environ 0,5 ha et présentent 57 vestiges de fours. Les amas sont généralement regroupés par deux et entourent une structure de réduction. Durant l’opération de réduction, les métallurgistes évacuaient les scories à l’extérieur du four. Au fur et à mesure des réductions, ces dernières ont formé des amas situés juste au nord-ouest des fours, côté porte. Après chaque opération, les métallurgistes nettoyaient la cuve des fours et rejetaient les scories internes au sud, formant un second amas. Avec les plus grandes scories internes qui possèdent une forme plano-convexe, les artisans construisaient de petits murs de soutènement entre les amas pour laisser un passage vers le four. La présence de deux à trois fours dans certains secteurs témoigne de l’ampleur de l’activité métallurgique. La taille des amas (hauteur maximale de 3 m) dépend de l’intensité et de la durée de l’activité. La masse totale de déchets métallurgiques à Tatré-Apétandjor est évaluée à 13 500 tonnes produits entre le XIIIe et le début du XXe siècle.
(Caroline Robion-Brunner et Haréna Pakou, février 2023)