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Tatré-Apétandjore dans l’histoire

Vue d’une tranchée d’exploitation minière de la colline d’Apétandjor Vue d’une tranchée d’exploitation minière de la colline d’Apétandjor Crédit : Caroline Robion-Brunner, 2015.

Dans la région de Bassar, la production du fer a commencé dès le Ve siècle avant notre ère, ainsi qu’en atteste l’archéologie. Après un hiatus d’environ 1000 ans, elle se développe de nouveau entre le XIIIe et le XXe siècle où elle devient une activité majeure dont la production globale avoisine environ 50 000 tonnes de fer (de Barros 1985, 1986 ; de Barros et al. 2020 ; Robion-Brunner et al. 2022). Les ateliers découverts comportent tous de nombreux vestiges de fourneaux et de volumineux amas de rejet de déchets sidérurgiques. Alors que ces derniers sont connus des archéologues depuis les années 1980, il a fallu attendre janvier 2015 pour repérer des traces d’exploitation minière. Elles constituent pour l’instant l’unique témoignage de travaux miniers dans la région. La colline d’Apétandjor qui surplombe plusieurs ateliers de réduction comprend, sur son flanc Est, d’abondantes traces illustrant des techniques d’extraction diverses qui vont du simple grattage de surface au creusement de tranchées, de galeries et de puits. Cette variété technique s’explique par l’organisation des minéralisations ferrifères. En effet, Apétandjor est constituée majoritairement de grès ferrugineux recoupés par des veines hématitiques qui viennent en remplissage des fractures. Au pied de la colline, notamment dans sa partie Est, des zones d’éboulement contiennent un mélange de ces deux types de minerai. Ainsi, les zones de grattage présentes de haut en bas de la colline ont permis d’exploiter le grès ferrugineux ou le minerai des éboulements. Elles ressemblent à des cuvettes de plusieurs mètres de diamètre. Les tranchées et les galeries sont réparties parallèlement les unes aux autres, selon un axe nord-est/sud-est. La géométrie de ce type d’exploitation témoigne de la volonté des mineurs de suivre les bancs riches en hématite. Les tranchées ont parfois recoupé des puits de prospection. Les différents types de minerai ont tous été utilisés pour produire du fer et de l’acier dans les ateliers situés en contrebas de la colline. L’observation macroscopique des déchets sidérurgiques a permis de déterminer que les métallurgistes avaient utilisé deux modes d’évacuation des scories : l’un horizontal, l’autre vertical. Dans le premier cas, les bas fourneaux étaient munis d’une ouverture à la base de la cuve qui permettait de laisser s’écouler les scories vers l’extérieur. Ce sont les bas fourneaux à scories externes. À l’opposé, dans l’autre groupe de fours, les scories sont séparées verticalement, c’est-à-dire qu’elles s’accumulent dans une fosse creusée à cet effet sous la colonne de réduction. Ce sont les bas fourneaux à scories internes. À partir de la deuxième moitié du XVe siècle, le mode horizontal supplante le mode vertical. Les raisons de ce changement technique sont à trouver dans l’intensification de la production du fer dans la région de Bassar. De cette époque, est conservé un four sur le site de Tatré-Apétandjor, qui permet de connaître parfaitement la morphologie et les dimensions de ce type de structures. Ces fours possèdent une cheminée de 2,5 à 3 m de hauteur, dont les parois, de 60 cm d’épaisseur, sont resserrées au niveau de la cuve et du gueulard (ouverture supérieure du fourneau). La cuve, de 45 cm de diamètre interne, est légèrement en pente vers une porte qui constitue, avec les sept évents, les ouvertures par lesquelles étaient placées les tuyères.

(Caroline Robion-Brunner et Haréna Pakou, février 2023)